C’est au lendemain de la Journée Nationale de Lutte contre le Harcèlement Scolaire (le 7 novembre dernier) que le projet « Copains Bienveillants » a été lancé à Mougins.
D’abord auprès des élèves de CM2 de l’école Saint-Martin le matin, puis du Devens l’après-midi. Ce jour-là, des yeux ont rougi, des larmes ont coulé. Beaucoup de doigts se sont levés pour raconter des expériences personnelles. « Moi, on m’appelait Lili le pipi avant ». « J’avais une amie en surpoids… tout le monde la surnommait Obélix ». « Moi, je suis trop petit et on se moque de moi »…
Une intervention de sensibilisation au harcèlement scolaire élaborée spécialement pour des enfants de primaire, c’est une première à Mougins. « C’est même une première à l’échelon national », croit savoir Hervé Houste qui dispense déjà, avec Anthony Maccario, des sessions de prévention sur le harcèlement scolaire dans les collèges mouginois. A Mougins, en effet, les policiers municipaux sont très investis, à longueur d’année, au travers de nombreuses actions de prévention (notamment dans le cadre du Conseil Local de Surveillance et de Prévention de la Délinquance). L’ensemble des agents mouginois est volontaire, sensibilisé et formé à tous les sujets qui ont trait à l’éducation et la jeunesse.
« Et pour la première fois, reprend le policier municipal, une sensibilisation au problème du harcèlement s’adresse directement à des écoliers de CM2. En abordant tôt ce problème, on désamorce certains comportements, dédramatise l’entrée prochaine en 6e et, surtout, on commence à tisser des liens de confiance avec les enfants que nous continuerons de suivre pendant le collège. »
UN PROJET 100% MOUGINOIS
L’idée a germé après une formation de la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile. Les deux policiers, la directrice de l’école du Devens, Delphine Gandré, et la psychologue scolaire Isabelle Buron-Gomez, ont commencé à plancher sur le projet « Copains Bienveillants ». Inspiré d’un modèle existant dans un collège azuréen, « nous l’avons adapté aux enfants de primaire, explique Delphine Gandré. Nous avons travaillé plusieurs mois sur le contenu et notre projet a ensuite été validé par l’Inspection Académique. »
Le dispositif « Copains Bienveillants » a ensuite été présenté aux directeurs d’écoles, ainsi qu’à l’ensemble du personnel municipal en contact avec les enfants.
LIBÉRER LA PAROLE…
Concrètement, une première heure de sensibilisation est dispensée aux élèves par la psychologue scolaire. Une entrée en matière, tout en douceur, pour aborder le sujet du harcèlement, sonder les connaissances des enfants dans ce domaine et commencer à poser le cadre des échanges. Dans un second temps, Hervé Houste et Anthony Maccario interviennent. Habitués au dialogue avec le jeune public, les deux policiers présentent les « Copains Bienveillants » aux élèves.
Pendant une heure, l’échange est nourri d’exemples qui parlent aux petits — clip « Fragile » du rappeur Soprano qui traite du harcèlement, témoignage de Miss France victime dans sa jeunesse… — et la discussion s’engage. « Notre but est de libérer la parole, d’amener les enfants à nous parler d’eux. On aborde le harcèlement, qu’il s’agisse d’une situation de victime, de complice ou d’auteur, détaille Hervé Houste. On énumère les personnes de confiance, on insiste sur l’importance du dialogue. Surtout, on s’adapte complètement à leurs réactions. » Après quoi, la charte du Copain Bienveillant est proposée aux petits CM2 volontaires. Il n’y a aucune obligation. Pour ceux qui le souhaitent, il s’agira d’être attentifs aux camarades de l’école, de remarquer les élèves isolés, d’engager le dialogue et, le cas-échéant, d’amener un camarade en souffrance à parler.
Cette année, chacune des classes de CM2 de Mougins comptera trois ou quatre Copains (très) Bienveillants.